
(Wikimedia Commons).
30 avril 2025
OTTAWA – B’nai Brith Canada a invité le nouveau gouvernement fédéral à « prioriser et prendre des mesures tangibles pour combattre la crise de l’antisémitisme ».
Dans une lettre envoyée mercredi, B’nai Brith Canada a félicité Mark Carney pour son élection cette semaine en tant que 24e premier ministre du Canada, et a exprimé de profondes inquiétudes partagées parmi de nombreux membres de la communauté juive. Elle implore également le gouvernement de préserver le bien-être et la sécurité de tous les groupes marginalisés au Canada.
S’appuyant sur les chiffres du dernier Audit annuel des incidents antisémites au Canada de l’organisation, la lettre avertit que le pays a connu une montée sans précédent de l’antisémitisme
« Au cours des deux dernières années, une nouvelle base de référence profondément inquiétante et inacceptable a été établie au Canada en matière d’antisémitisme », indique la lettre.
Lisez l’intégralité de la lettre ici
B’nai Brith Canada a invité le premier ministre à intégrer huit directives dans les mandats des ministres qu’il a nommés. Ces recommandations comprennent que :
- Le ministre de la Sécurité publique examine toutes les entités préoccupantes et liste celles qui répondent aux critères de désignation comme organisations terroristes.
- Le ministre de la Justice et le procureur général du Canada révisent la législation existante et renforcent la capacité du gouvernement à lutter contre les crimes haineux et les préjudices en ligne. Cela comprendrait une modification législative du code pénal faisant du Canada le 20e pays au monde à interdire l’affichage public de la croix à crochets nazie (Hakenkreuz) et d’autres symboles nazis, avec des exceptions raisonnables à des fins historiques, éducatives ou artistiques.
- Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté révise la législation fédérale afin d’améliorer la capacité du Canada à empêcher l’entrée de personnes associées à des entités terroristes, des groupes haineux et des réseaux d’influence étrangers listés.
- Le ministre des Affaires étrangères et du Développement international doit être mandaté pour autoriser un audit indépendant, complet et réalisé par un tiers parti sur la continuation du financement par le Canada de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), qui a été soupçonné de fournir une couverture institutionnelle à des individus alignés avec le Hamas et d’autres entités terroristes proscrites.
- Le ministre responsable de l’Agence du revenu du Canada ouvre une enquête immédiate sur les organisations à but non lucratif et les organismes de bienfaisance enregistrés au Canada qui pourraient faciliter, directement ou indirectement, le transfert de ressources à des entités terroristes listées.
- Le ministre de la Culture et de l’Identité canadienne convoque une table ronde nationale composée de représentants communautaires, de spécialistes de l’éthique des médias et d’experts en réglementation afin d’établir des directives contraignantes sur les meilleures pratiques en matière de signalement des conflits et d’atténuation des discours haineux. Ces normes seraient conformes aux obligations internationales du Canada en matière de droits de l’homme et aux principes du pluralisme démocratique.
- Le ministre des Institutions démocratiques établisse un organisme indépendant, prévu par la loi fédérale, chargé de détecter les opérations d’influence étrangère, d’enquêter à leur sujet et de rapporter publiquement leurs résultats. B’nai Brith Canada a également demandé des protections juridiques pour les informateurs et les victimes d’intimidation, ainsi que des voies de signalement sécurisées pour ceux-ci.
- Le ministre des Affaires intergouvernementales crée un comité spécial chargé de maintenir des protocoles nationaux uniformes en matière de crimes haineux, de normaliser la collecte de données et les méthodes de signalement des menaces, et de coordonner la formation multi-agences au sein des organismes chargés de l’application de la loi.
« L’antisémitisme devient incontrôlable dans les villes canadiennes », a déclaré Richard Robertson, directeur de la recherche et du plaidoyer de B’nai Brith Canada. « Nous avons écrit cette lettre dans le but de présenter au nouveau gouvernement les sérieuses préoccupations de la communauté juive du Canada et les mesures qui peuvent être prises immédiatement pour y répondre ».
« Nous sommes impatients de travailler avec le premier ministre et son cabinet pour faire face à la montée de la crise d’antisémitisme au pays », a ajouté David Granovsky, directeur des relations gouvernementales de B’nai Brith Canada.